Crise et guerre des monnaies les pays émergents freinent la hausse de leurs devises par rapport au dollar
Pour endiguer la hausse du baht, Bangkok a instauré une taxe de 15 % sur les intérêts et plus-values des investissements étrangers en dette souveraine. SUKREE SUKPLANG/REUTERS
Des nations d'Asie et d'Amérique du Sud sont confrontées à un afflux massif de capitaux
Au rythme actuel, le poids économique de l'Asie pourrait égaler celui des Etats-Unis et de l'Europe réunis d'ici à 2015. Voilà le constat dressé par le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, à l'issue d'une réunion avec des responsables des grandes banques centrales, à Shanghaï, lundi 18 octobre. Mais cette croissance fulgurante a son revers.
Comme l'a souligné M. Strauss-Kahn, la région est confrontée à un raz-de-marée de capitaux étrangers : " Une superbe opportunité mais aussi un grand défi " aux conséquences potentiellement " déstabilisantes ", notamment en termes de taux de change. Cet afflux, marque de confiance des investisseurs pour des pays qui tirent la reprise mondiale, est démultiplié par le grand désordre qui règne sur le marché des changes.
Dans la perspective d'un nouvel assouplissement monétaire aux Etats-Unis, le dollar est en chute libre. Les capitaux, en quête de rendements, affluent vers les puissances émergentes en Asie, mais aussi en Amérique latine, particulièrement au Brésil, et poussent les monnaies à la hausse.
Ces pays s'inquiètent désormais à voix haute pour leur compétitivité. Afin de préserver des exportations vitales à leur croissance, ils tentent d'affaiblir leurs devises. En plus d'interventions directes sur le marché des changes, certains ont commencé à prendre des mesures pour contrôler les entrées de capitaux.
Le Brésil, par exemple, dont le ministre des finances, Guido Mantega, a évoqué fin septembre une " guerre des monnaies ", a relevé, lundi, pour la seconde fois en quinze jours, l'impôt que doivent acquitter les détenteurs étrangers