Crise financiere et ifrs
Le mieux est parfois l’ennemi du bien. Alors que l’industrie financière mondiale s’enfonce dans la crise, un procès commence à s’instruire dans la coulisse. Celui des nouvelles normes comptables, les IFRS, adoptées par l’Europe au 1 erjanvier 2005. Car s’il ne fait aucun doute que les turpitudes d’un certain nombre d’opérateurs de l’industrie de la finance, américains surtout, sont à l’origine de la tourmente, quelques patrons de grandes banques pointent du doigt les risques de contagion engendrés par le changement de référentiel comptable. Loin de donner une image fidèle de l’impact sur les comptes des établissements de crédit, de la crise née aux Etats-Unis de la déconfiture du marché des prêts immobiliers à risques, l’utilisation des normes IFRS ajouterait à la confusion ambiante.
A première vue, l’accusation peut sembler injuste et ses procureurs apparaître comme des nostalgiques d’un ordre ancien, symbolisé en France par le sacro-saint mais désormais obsolète Plan comptable général. De fait, cette réforme, censée harmoniser les états financiers des 7.000 entreprises cotées de l’Union européenne, avait un objectif louable : bâtir un esperanto comptable parlé par tous. Dans le détail, il s’agissait d’« améliorer la transparence et la comparabilité des états financiers élaborés par les sociétés cotées ; permettre la comparaison d’entreprises de différents pays ; faciliter la cotation boursière des entreprises ; obtenir et restaurer la confiance des investisseurs », rappelle Stéphan Brun, dans « L’essentiel des normes comptables internationales IAS/IFRS » (1).
Sur les trois premiers points, le succès n’est contesté par personne. La suppression de la plupart des subtilités comptables nationales, auxquelles se sont substituées les 2.000 pages des normes IFRS, vont dans le sens de l’histoire et de la globalisation des marchés. Sur le dernier, en