Crises asiatique
60, boulevard Saint Michel 75272 Paris Cedex 06 – France Tél. : 33 (1) 40 51 90 91 – Fax : 33 (1) 44 07 10 46 giraud@cerna.ensmp.fr – http://www.cerna.ensmp.fr
Faut-il condamner la spéculation ?
Pierre-Noël Giraud
Alternatives économiques, Juin 2002
Titre du document
Auteur(s)
Résumé
Spéculer, c’est prendre délibérément un risque de prix c’est-à-dire acheter aujourd’hui un actif financier ou tout autre bien en espérant que son prix va monter, et qu’on pourra le revendre demain avec profit. La spéculation fait souvent l’objet d’une condamnation morale. Pourtant, sans l’existence de spéculateurs, les entreprises ne seraient pas à même de s’assurer contre les effets des fluctuations du prix des matières premières, des devises ou des taux d’intérêt. Mais la spéculation n’aggrave-t-elle pas le mal en accroissant l’instabilité des marchés ? Lorsqu’un actif voit son prix déterminé par des mécanismes économiques stables et solidement enracinés dans l’économie « réelle », la spéculation introduit juste un peu de volatilité dans l’évolution des prix, sans grandes conséquences. Mais lorsque ce n’est pas le cas, par exemple pour les taux de change, la spéculation peut se révéler profondément déstabilisante.
Qu’est ce que la spéculation ?
Le débat sur la spéculation comporte une dimension morale. On oppose l’enrichissement sans effort et parasitaire qu’elle peut engendrer aux revenus issus d’un dur labeur, de compétences socialement utiles et reconnues ou d’une épargne longue placée en bon père de famille. Les jugements moraux ne relevant pas de l’économie, nous ne les discuterons pas ici, ce qui n’est pas pour sous-estimer leur importance. Mais il existe aussi un débat entre économistes sur la spéculation. Est un spéculateur quiconque achète un actif (financier, immobilier, œuvre d’art, etc.) en espérant que son prix va monter et qu’il pourra le revendre avec profit. Si