Critique littéraire du "mauvais lieu"
"Le mauvais lieu" de Julien Green
Julien Green est un écrivain américain de langue française, né en 1900 et décédé en 1998. Cet auteur a écrit de nombreuses oeuvres telles que "Mont-Cinère", "Léviathan", "Chaque homme dans sa nuit" et "L'autre". Avec un style à la fois pur et complexe, il est considéré comme l'un des plus grands écrivains du siècle dernier.
"Le Mauvais Lieu", ouvrage paru en 1977, est un roman des plus déconcertants mais également des plus captivants et je dois dire que je l'ai littéralement savouré du début à la fin. En effet, il n'est pas seulement plein d'ombre, il est l'ombre même et l'ambiguïté infecte son interprétation. Ce livre déconcerte par son hardi mélange de comique et de tragique, d'humour et d'ironie satirique. Le thème de la pédophilie - vocable radicalement banni du roman - y est abordé. La protagoniste de l'histoire nommée Louise, jeune orpheline de 9 ans ayant perdu ses parents de mort violente, a été recueillie par sa tante Gertrude. Elle bénéficie du confort et de la protection - pour ne pas dire surprotection - de cette dernière. Dans son univers doré, un désir multiforme et hideux va cependant traquer la fillette jusqu'à la contraindre de s'évader dans la mort : la petite héroïne suscite en effet la concupiscence de ses aînés, cette violence inavouée, par sa radieuse beauté et son innocence infantile. Julien Green place Louise dans la situation équivoque de l'enfant fragilisée par son isolement moral dans un milieu familial qui n'est pas le sien, étouffée par une tante dominatrice dont on ne parvient pas à cerner la véritable nature des sentiments qu'elle porte à son égard. Effectivement, Gertrude éprouve passion et exaspération, tendresse et indifférence ainsi qu'amour maternel et pulsions charnelles secrètes pour sa nièce. L'auteur traite ici le thème de la pédophilie ouvertement, mais sur un ton on ne peut plus déroutant : il traite le mal par la dérision et les passions exacerbées ne sont pas