Critique littéraire
22/10/11
T°L
Si c'est un homme, Primo Levi
« ...Jusqu'à ce qu'un jour dire « demain » n'ait plus de sens. »
Ce n'est pas pour rien que Si c'est homme est considéré comme une œuvre majeure du XXème siècle. On ne peut ressortir indifférent face à un récit qui nous présente avec une effroyable objectivité les horreurs des camps.
Primo Levi, deux ans après sa sortie des camps, décide de nous livrer son témoignage. Et il le fait bien. Dans cette œuvre, nulle trace de haine, si ce n'est de la part des nazis, de rancœur ou de désir de vengeance. L'auteur nous raconte une réalité uniquement factuelle, ne fait que constater, sans jamais sombrer dans le larmoyant.
Lorsque commence notre lecture, l'auteur-protagoniste « a vingt-quatre ans, peu de jugement, aucune expérience ». Lorsqu'il est fait prisonnier par les Allemands, il ne sait pas réellement ce qui l'attend. Mais sans tergiverser sur la manière dont on les a fait prisonnier, l'auteur enchaîne rapidement sur leur entrée au camp : comment la sélection se faisait, qui partait pour les fours crématoires, idée venue droit de l'enfer, ou pour les camps de travail, selon quel critère un tel tri s'effectuait. Parfois par des moyens pour le moins expéditifs : « on ouvrait les portières des wagons des deux côtés en même temps. […] Ceux que le hasard faisait descendre du bon côté entraient dans le camp, les autres finissaient à la chambre à gaz. » Et c'est avec ces quelques phrases que l'auteur nous fait comprendre à quel point les juifs étaient considérés comme des objets, des êtres sans valeurs, et la farouche volonté des Allemandes d'exterminer une « race » entière. Cela nous est confirmé lorsque d'homme, l'auteur devient nombre : « Mon nom est 174 517 ». Marqué sur son bras, comme une bête, ce nombre déterminera beaucoup de choses dans la vie du camp. Il est leur nouvelle identité.
Le récit se poursuit dans un lieu où « les interdictions sont innombrables », où les rêves et les souvenirs sont