Critique sur andorra de max frish
Dans Andorra, l’écrivain suisse alémanique Max Frisch met en lumière les mécanismes sournois de l’antisémitisme, ainsi que la lâcheté et les compromissions de ceux qui l’attisent et le propagent. Cette pièce de théâtre en douze tableaux décortique notamment de façon crue le besoin qu’éprouvent les «petites gens» de désigner des boucs émissaires, lesquels deviennent des victimes expiatoires en des temps agités.
Andorra est un petit pays imaginaire qui attend avec angoisse l’invasion des Casaques Noires, les redoutables soldats de la dictature voisine. Jusqu’ici, il s’agissait d’un îlot de tranquillité, autoproclamé pur et «vierge de toute culpabilité» par ses habitants. Les façades de leurs maisons ne sont-elles pas blanches comme neige? Ne tolèrent-ils pas chez eux la présence d’un Juif, preuve qu’ils ne sont pas comme les «barbares» d’à côté? Ce Juif, c’est Andri, un jeune homme que le maître d’école aurait, selon la version officielle, courageusement enlevé des griffes du pays des Casaques Noires. Quel acte magnifique, se gargarise la population d’Andorra! Enfin, jusqu’au moment où la menace d’invasion se précise… Là, la populace se dit qu’il vaudrait peut-être mieux se débarrasser de cet encombrant réfugié, pour ménager la susceptibilité des nations voisines, qui exècrent le peuple juif.
Seul le père adoptif d’Andri sent que le venin de l’antisémitisme s’insinue doucement mais inexorablement au sein de la population; le menuisier ne veut pas d’Andri comme apprenti, le soldat lui cherche continuellement noise, le médecin rechigne à le soigner, l’aubergiste à le servir. Un gibet est dressé au milieu de la place. La population ferme les yeux. Le drame paraît désormais inéluctable.
L’affaire se corse le jour où le maître d’école dévoile la terrible vérité: Andri n’est pas juif mais le fruit d’une relation extraconjugale qu’il eut jadis avec une femme du pays des Casaques Noires. L’enseignant, n’ayant pas eu le courage