Croissance versus développement?
S’intéresser à la seule grandeur arithmétique de la croissance, sans l’intégrer dans une équation socio-économique me paraît une approche réductrice, car focalisant sur des îlots de croissance, que l’on brandira, comme preuve de bonnes performances. Une telle démarche escamote la précarité sociale ; participe d’une économie qui fonctionne à plusieurs vitesses, consolidant les oligarques et prodiguant l’indigence à un large panel de démunis. De plus, si son fruit n’est pas réalloué équitablement entre les différentes couches sociales, la croissance pourrait être source de malaise social. Car elle ne fait qu’enrichir les riches et enliser les pauvres dans plus de misère.
J’invite, donc, à une réflexion sur la problématique du développement qui, elle, est d’ordre qualitatif, dont la croissance n’est que l’un des vecteurs. Réussir l’examen de passage pour les gouvernants, n’est-ce pas de réussir à mettre la croissance au service du développement humain ?
Venons-en, maintenant, au diagnostic de l’évolution de la croissance au Maroc. Force est de constater que nous sommes devant une évolution en dents de scie, avec un taux fluctuant, variant en fonction de l’apport de la valeur ajoutée affichée par le secteur agricole, lui même tributaire d’une pluviométrie annuelle au gré des aléas climatiques. Mais si on faisait la rétrospective de notre PIB sur une décennie, l’on se retrouverait avec un taux moyen de croissance se situant dans la maigre fourchette 1,8 à 2,4% l’an. L’enseignement à tirer de ce constat est que notre croissance s’inscrit dans une linéarité de 2%, nonobstant quelques variations, liées à la pluviométrie, mais intervenant néanmoins à l’intérieur de ce trend rectiligne. A partir de ce diagnostic, rien ne laisse