Cryance
On oppose souvent vérité et croyance dans la mesure où la vérité exige la clarté, la cohérence, un caractère d’objectivité : elle est partagée par tous grâce à des démonstrations et à des preuves. En opposition à cela, chacun revendique le droit d’avoir des croyances particulières, d’avoir accès à une vérité du cœur qui n’exige ni preuve ni démonstration. Après tout un sentiment s’éprouve et ne se prouve pas par autre chose que lui: il est sa propre preuve. Le problème revient à demander si la vérité n’est pas elle même une croyance, la croyance à une valeur. Pourquoi voulons-nous la vérité ? Cela exige-t-il le dépassement de toute croyance au risque de perdre la possibilité de rechercher la vérité elle-même ? La vérité est une idée, un horizon, un idéal qu’on poursuit en faisant des enquêtes pour produire des affirmations de mieux en mieux justifiées. C’est plus un principe régulateur qui permet un perfectionnement continu de nos concepts qu’une réalité que l’on pourrait posséder. L’ambiance de la science n’est-elle pas le provisoire ? Quant aux certitudes du cœur, elles ne sont justifiées que pour celui qui les éprouve, ce qui ne leur donne pas un caractère d’objectivité. La définition de la vérité comme l’accord entre un discours et la réalité est une définition parfaite pour des êtres parfaits. Si une connaissance est parfaitement ajustée à la réalité, il est bien évident que toute croyance est exclue de cette connaissance. Mais encore faudrait-il atteindre directement la réalité. Kant nous a dit qu’une connaissance doit être ajustée à son objet: or l’objet n’est la réalité. C’est une construction dans laquelle le sujet ne retrouve que ce qu’il y a mis. Dans ces conditions la définition de la vérité comme adéquation de la chose et de l’esprit, correspondance, n’est pas pour nous êtres raisonnables sensiblement affectés. De ce fait, nous ne pouvons exclure la croyance de notre connaissance. L’admiration pour la rigueur des