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L’ordonnance d'Alger du 9 août 1944 « relative au rétablissement de la légalité républicaine » (J.O. d'Alger 1944, p.688) constate dans son article 1 que la forme du gouvernement de la France est et demeure la République et qu'en droit celle-ci n'a pas cessé d'exister. Elle constate la nullité de tous les actes contraires aux principes démocratiques édictés par le maréchal Pétain et rend immédiatement applicables en France les actes édictés par le général De Gaulle. Une épuration démocratique va de 1944 à 1953 éliminer les « collaborateurs » des fonctions dirigeantes et/ou idéologiquement « sensibles ». René Coty, qui avait voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et avait donc été déchu de ses droits civiques, est réhabilité par un jury d’honneur le 11 octobre 1945 (il sera ensuite élu du Centre national des indépendants et paysans, deviendra le deuxième président de la IV° République et favorisera le retour du Général de Gaulle en 1958).
En 1944-1945 l'épuration a présenté un caractère soit localement "sommaire" (de 11 000 à 15 000 exécutions, dont 1 500 après la Libération, selon Henri Amouroux, La grande histoire des français sous l'occupation 1939-1945, tome 9, Les réglements de comptes, Robert Laffont, Paris 1991) soit politiquement organisée présentant alors deux formes : l'épuration judiciaire, l'épuration professionnelle et administrative. L'épuration judiciaire (300 000 personnes arrêtées ou internées, 150 000 relevant des cours de justice et chambres civiques ; les cours de justice examinent 95 112 affaires, prononcent 7 037 peines de mort dont 4 397 par contumace (791 exécutions); les chambres civiques traitent 67 967 affaires et prononcent 46 145 dégradations ou indignités nationales. L'épuration professionnelle (environ 300 000 affaires instruites) et administrative (environ 120 000 peines administratives prononcées) a été effectuée dans chaque corps de métier et dans chaque administration.