3.3. Comment mesurer le niveau de la délinquance ?
Notions : chiffre noir de la délinquance, enquête de victimation.
Le chiffre noir de la délinquance est l’écart supposé entre le crime mesuré par les statistiques pénales et le crime « réel ».
Les statistiques ne peuvent faire état que des actes criminels mis en évidence et éventuellement réprimés. Ainsi, une augmentation de la criminalité enregistrée peut être le résultat du seul développement de l’appareil répressif, toutes choses égales par ailleurs.
La question de la mesure est centrale pour la sociologie en général et pour la délinquance en particulier. Quand on étudie une question sociale, Roger Establet avait l’habitude de dire « d’abord la calculette ». Quand un criminologue vient parler de la délinquance, il cite des chiffres. Quand il y a débat sur la délinquance, il assène une série de chiffres. En liaison avec le crime dans le lycée
Cévenol et au risque d’être impopulaire, le sociologue dit d’abord les chiffres et il se demande si deux crimes commis par des mineurs sur mineur dans l’année suffisent à changer la loi. Le sociologue fait son travail au delà de l’horreur suscitée par cet acte. Le sociologue dit : « attention, de quoi parle t-on ? » et au-delà de la représentation que les événements peuvent donner, la représentation dite par les chiffres. Pour le sociologue, au delà de la représentation de la délinquance, il faut partir des chiffres. Mais, quand on compte, il y a le problème du calcul et la production de chiffres est un enjeu social. On connaît bien certains chiffres : déclaration de vols de voitures parce que c’est nécessaire pour se faire rembourser par les assurances. On connaît moins les violences faites au femmes parce que beaucoup ne portent pas plainte. C’est le trou noir de la délinquance. Les enquêtes de victimation sont des enquêtes annuelles menées auprès des particuliers sur les sévices dont ils ont ou auraient été personnellement victimes au cours des deux