CULTURE ET SOCIETE DANS L’ANCIEN REGIME
R. MUCHEMBLED.

CHAPITRE I. Autour de la culture.

_ Qu-est-ce que la culture ? # approche collective de l’existence individuelle léguée aux générations suivantes ; vision du monde qui exprime l’originalité d’une civilisation. # Mais c’est une notion équivoque puisqu’il y a une hétérogénéité de culture au sein de la civilisation française. # D’un côté, elle désigne l’histoire des idées, des arts, des sciences, des lettres (histoire intellectuelle) ; de l’autre, elle définit les formes matérielles de l’existence, les conduites, les rituels de la vie collective, en gros « l’histoire banale des divers groupes humains constituant une société, y compris ceux qui ne laissent pas de traces écrites (culture matérielle/populaire/sous culture/niveaux de culture) ». _ L’origine de ces définitions. # Au sens large : définition de type anthropologique, regard en particulier sur les « autres » cultures (sans écriture, « sauvage » [Lévi-Strauss], « désert intérieur » [enquête orale de sociologues, réflexions méthodologiques ayant soustrait ce domaine aux recherches folkloriques, ignorées des historiens) qui est en même temps regard sur nous mêmes. # Historiquement, avec la 3e Rep, composition par les élites (intellectuelles, artistiques, politiques) d’une « culture française » homogène, capable de résister aux pressions germaniques et anglo-saxonnes en s’exportant dans le monde, pas seulement à travers le vecteur colonial (« nos ancêtres les Gaulois »). Cette « paix française », porteuse de valeurs spécifiques, s’enracine dans l’histoire française, elle résulte de la construction politique du royaume depuis la fin du Moyen Age avec ses multiples résistances (tension séculaire entre un idéal d’unité et de fortes capacités de résistances, qui forme un élément constitutif de notre identité nationale [Astérix = archétype de cet équilibre des contraires]). # Doit-on y voir « une voie culturelle spécifique