Cygnes reflechi en elephants
Entendu qu’il est assez banal d’introduire un propos au moyen d’une citation, tel l’éclopé réclame sa béquille, il est pourtant impossible avec Salvador Dali de faire l’économie de ce code sanitaire…
Ex et es maître dans l’art de l’aphorisme, il se prêtait à ce jeu avec une intelligence et une roublardise remarquables, quoique à l’ironie érotique d’un Marcel Duchamp, il préféra sans doute une savante grandiloquence toute « paranoïaque ».
« Dali…, Dali…, Dali… dont la loufoquerie peut-être substantielle et la substance profonde pure blague : Je ne sais quand je commence à simuler ou quand je dis la vérité ! »
(« Dali…Dali…Dali… » Max Gérard – Éditions Draeger – 1974 )
Vérité ? Mais de quelle vérité est-il question en art et plus précisément dans cette peinture ? Et pour répondre à quels questionnements ?
S’agirait-il de décliner les nom et prénom de cet individu habillé d’une chemise à manche courte (on ne voit qu’une manche) qui campé droit, la main gauche postée au creux de sa hanche détache son profil dans un rai de lumière taillé au scalpel ?
S’agirait-il d’autopsier l’objet de son regard ou de sa halte pensive qui s’enfoncent dans la pénombre de la rocaille ?
Quel songe, quel artefact, quel objet peut-il bien convoiter à fixer ainsi le sol hors des chemins assujettis aux règles de la perspective?
Un souvenir, un constat amer ou un billet de banque oublié sur la chaussée ?
Si la cupidité devait l’emporter, je pencherais alors pour un autoportrait sonnant et trébuchant au sens où l’entendait André Breton lorsqu’il affubla le peintre du drôlatique sobriquet : Avidadollars.
Pure hypothèse teintée d’une pointe de raillerie de ma part. Car à moins de faire appel au savoir infaillible d’un historien peu enclin à fréquenter Daniel Arasse, à la mémoire (d’éléphant…) d’un archiviste ou encore à l’instinct prémonitoire d’un Sam Spade (rappelons au passage que Dali réalisa quelques somptueux décors du cinéma Hollywoodien entre autre pour