Cyrano de bergerac, scene du balcon (source annabac)
Amorce : À la fin du xixe siècle, la pièce d'Edmond Rostand Cyrano de Bergerac, histoire d'amour et d'amitié qui se déroule vers 1640, renoue avec les grandes pièces du drame romantique comme Hernani ou Ruy Blas de Victor Hugo.
Le texte : Par un étrange pacte, Cyrano prête au beau Christian ses talents de poète pour séduire la belle Roxane en lui écrivant de superbes lettres d'amour. Ici, caché sous le balcon de Roxane, Cyrano souffle ses mots d'amour à Christian, puis, la nuit aidant, prend lui-même la parole et laisse parler son cœur. Roxane propose un baiser à Christian...
Annonce des axes : Cyrano, troublé, redouble d'éloquence et trouve les arguments pour faire tomber les dernières résistances de Roxane. L'émotion est ici humoristiques, renforcée par les ruptures de registres : Rostand mêle au pathétique de la situation des moments plus légers, presque comiques.
I. Une habile stratégie de séduction
1. Rassurer
Dans un premier temps, Cyrano s'efforce de rassurer Roxane sur l'innocence de ce baiser, présenté comme inéluctable par le futur « que sera-ce la chose ? » Il lui montre qu'il s'agit seulement de l'aboutissement d'un parcours sentimental obligé dont il rappelle les étapes déjà parcourues (« badinage », « sourire », « soupirs », « larmes »). L'abondance des sonorités en ss en traduit la progression aussi « douce » qu'« insensible ».
Puis il minimise adroitement la gravité d'un tel abandon, d'abord par des conseils (« Je ne vois pas pourquoi votre lèvre ne l'ose », « Ne vous en faites pas un épouvantement »), puis en donnant du baiser plusieurs définitions à la manière des précieuses. Il y emploie toujours des expressions diminutives : « à tout prendre, qu'est-ce ? », « un point », « un instant », « un peu », « au bord ».
Mais, en même temps, ces définitions comportent des aspects valorisants qui garantissent la sincérité des gestes : « un serment », « une promesse infinie », « communion », « âme ».
2.