1)Le véritable Cyrano : Savinien de Cyrano de Bergerac

Né à Paris, en 1619, et mort, à trente-cinq ans dans le petit village de Sannois, Cyrano n’a jamais vécu ni en Gascogne, ni en Périgord : le « Bergerac » dont il prend le nom est une terre possédée par sa famille. Poète et libre-penseur, il aime à signer ses écrits de noms plus ou moins imaginaires qu’il rattache au sien. C’est de 1638 que daterait l’ajout de « de Bergerac », peut-être lorsqu’il rejoint les Cadets de Gascogne.

Cyrano mena à Paris une existence agitée, cédant à un libertinage effréné (côtoyant intimement par exemple le libertin Dassoucy, connu pour ses affaires de mœurs), s'adonnant avec Chapelle et Molière aux idées philosophiques sous la direction de Gassendi. Il reste un emblème de la contestation, de l’indépendance et de la fantaisie, indisposant par la même occasion la gent littéraire parisienne. Il tournera en dérision l'idée d'une âme immortel dans ses États et Empires de la Lune, écrira d'incongrues et violentes « mazarinades » après être entré au service de Mazarin, sera censuré à travers sa tragédie La Mort d'Agrippine qui présentera trop d'audaces...
Surnommé le « démon de la bravoure » par ses camarades Cadets, il n’hésita jamais à mettre au service de ses compagnons son génie de duelliste. Il fut l’héroïque défenseur du royaume de France lors du siège de Mouzon puis lors de celui d’Arras où il reçut une grave blessure.

Il se fit surtout connaître par une œuvre singulière d'inspiration baroque: Histoire comique des États et Empires de la Lune. Ce «voyage imaginaire», inspiré de l'Utopie de Thomas More et de La Cité du Soleil de Campanella, transporte notre auteur, à la faveur d'une machine de son invention (des fioles remplies de rosée, attachées autour du corps et que la chaleur du soleil parvient à soulever), dans un monde qui ne peut s'apparenter qu'à celui de la Lune. Dans ce livre d'aventures, où se mêlent la philosophie et la satire, la poésie et la polémique, les