Décontamination de victimes chimiques : modalités et limites
Conséquences pour la conduite opérationnelle.
Le développement industriel a pour corollaire une augmentation de l’incidence des désastres technologiques tant « conventionnels » (accidents d’avion, collisions multiples...) que plus spécifiques impliquant par exemple des radioéléments ou des toxiques chimiques (accidents de transport de matières dangereuses -TMD-, d’usines ou par des faits terroristes(1)). Si les premiers sont pris en compte dans les plans de secours, les situations concernant les domaines nucléaires et chimiques sont moins bien appréhendées par les équipes non spécialisées et restent donc pour beaucoup du domaine du cauchemar dès lors qu’un grand nombre de victimes est impliqué. C’est en particulier, le caractère insidieux de ces situations qui les fait redouter.
Les actes terroristes perpétrés par la secte Aum Shinri Kyo au Japon en 1994-1995 (2,3) ont démontré que les toxiques chimiques de guerre devaient être pleinement pris en compte. Des incidents isolés (4) ou collectifs impliquant ces toxiques peuvent être également générés par les munitions de la première guerre mondiale, un risque pris en compte comme l’ont démontré les opérations montées en avril 2001 à Vimy.
Les problèmes spécifiques liés à ces situations, sur le plan général et plus particulièrement médical, sont éloignés de la prise en charge habituelle des victimes, rendant indispensable la formation des intervenants. En particulier, la prise en compte de la décontamination dans le cadre général de l’organisation des secours est très récente (5). Les principes généraux de la décontamination chimique, sa mise en œuvre et ses limites doivent faire partie dorénavant des connaissances en médecine de catastrophe. C’est le sujet de cet article dans lequel nous nous placerons dans le contexte très général d’une exposition à un toxique chimique, qu’il soit industriel ou de guerre. Si les toxiques chimiques industriels se