Dépenses
Observations et diagnostics économiques
n° 271
Vendredi 13 janvier 2006
FAUT-IL RÉDUIRE LA DETTE PUBLIQUE ?
Jérôme CREEL et Henri STERDYNIAK
L
e poids de la dette publique est revenu au centre des préoccupations des hommes politiques et des citoyens, à l’issue notamment de la publication du rapport Pébereau le 14 décembre 2005. La charge de la dette (2,5 % du PIB en 2005) serait le deuxième poste de dépenses de l’État et absorberait la quasi-totalité des recettes de l’impôt sur le revenu. La France vivrait à crédit depuis trente ans : les générations actuelles reporteraient la charge des dépenses publiques sur les générations futures. Chaque nouveau-né en France hériterait d’une dette de l’ordre de 17 500 euros ! Il nous semble pourtant qu’il faut éviter une vision manichéenne de la dette publique : celle-ci a des avantages et des inconvénients.
GRAPHIQUE : LES DETTES PUBLIQUES EN % DU PIB
85 75 65 55 45 France 35 25 15 Etats-Unis Zone euro
Quel héritage ?
Le principal indicateur du poids de l’endettement public est la dette publique au sens de Maastricht : il s’agit de la dette brute consolidée de l’ensemble des administrations publiques (État, collectivités locales, sécurité sociale), qui ne tient pas compte des avoirs des administrations. La dette française était relativement faible jusqu’en 1980 (graphique) : de 16 % du PIB en 1974, elle reste à 20 % en 1980. Elle monte à 34 % en 1987, niveau où elle se stabilise jusqu’en 1991. Puis, elle reprend son ascension jusqu’à 59 % en 1997 où elle connaît un nouveau palier. Enfin, elle s’accroît de 59 % en 2002 à 66 % fin 2005. La France est en dessous du niveau de la zone euro (72 %), au niveau de l’UE -15 et des États-Unis (65 %), nettement en dessous du Japon (169 %). En terme de dette nette, i.e. la dette brute moins les actifs financiers détenus par les administrations, la France est à 44 % du PIB, nettement en dessous de la zone euro (58 %), un peu en dessous de l’ensemble de