Désir et imaginaire
Dans cet extrait de « La Nouvelle Héloïse », publié en 1761, Rousseau va expliciter la notion de désir, comme fortement lié à l’imagination. Pour finalement montrer où réside véritablement le bonheur. Pour lui désir est quelque chose de positif, contrairement à ce que peut penser l’opinion général. Le désir se trouve-t-il dans le désir lui-même, ou dans l’objet du désir ? Tout d’abord il fait l’apologie de l’homme en perpétuel état de désir sur l’homme rassasié et satisfait, puis il réalise un éloge du désir lié à l’imagination, en expliquant ce que l’imagination permet et ce que la réalité n’apporte pas. Et enfin, il conclut avec l’idée que « le pays des chimères » est le monde où on peut être le plus heureux.
Dans ce texte, Rousseau s’oppose à l’idée première et négative qu’on se fait du désir : l’homme, rempli de désirs insatiables, trouverait son malheur dans l’insatisfaction de ceux-ci, ne disposant pas d’un nombre assez important de ressources pour les réaliser. Mais il explique que la notion de bonheur ne demeure pas dans la possession, c’est-à-dire dans l’obtention d’un bien. Mais dans l’attente, c’est-à-dire l’espérance de celui-ci. La jouissance du désir d’avoir est plus grande, selon lui, que la jouissance de posséder. Le véritable bonheur serait un bonheur anticipée, c’est-à-dire être heureux avant de satisfaire son bonheur ; l’objet de son désir. Il estime qu’un homme qui ne désire plus rien, ne possède plus rien. Et que sa vie ne vaut, pour ainsi dire, plus la peine d’être vécue. Rousseau fait une distinction entre vouloir pour obtenir et désirer simplement. Pour lui, l’homme désire mais n’exige pas réellement, il ne recherche pas concrètement l’acquisition de ce qu’il souhaite. Il aspire à un désir du désir, qui est plus grand que le désir de posséder.
En effet la réalité est bien mince face à l’imaginaire qui ne connaît ni bornes, ni limites. On peut imaginer à l’infini. Ce que Rousseau appelle « le néant des choses »,