Bien souvent, lorsque nous voyons se réaliser enfin ce que nous avons ardemment désiré, la satisfaction que nous éprouvons paraît bien minime par rapport à l'intensité du désir qui nous animait. Loin de nous procurer le bonheur, la satisfaction de nos désirs ressemble ainsi davantage à une forme de déception. C'est à ce phénomène que s'intéresse Schopenhauer dans ce texte extrait du Monde comme volonté et comme représentation. Il y explique en effet que nous n'accédons à la satisfaction et à la jouissance qu'indirectement et en réalité négativement, comme annulation de la privation et de la souffrance que représente le désir. Par là, il apporte des éléments de réponse à la question suivante : pourquoi ne parvenons pas à accéder au bonheur même lorsque nous voyons nos désirs satisfaits ? Pourquoi sommes-nous inlassablement soumis à des désirs qui ne semblent pas pouvoir nous rendre heureux et dont nous ne parvenons pourtant pas à nous défaire ? Schopenhauer s'intéresse ainsi ici à cette réalité mystérieuse que constitue le désir, à mi-chemin entre plaisir et souffrance et dont nous avons finalement du mal à déterminer s'il constitue quelque chose de positif ou de négatif dans notre existence.
Il y pourtant bien là un paradoxe : ce que montre ici Schopenhauer, c'est que la satisfaction n'en est pas vraiment une et que, paradoxalement, pour connaître la satisfaction il nous faut faire appel a la souffrance et aux souvenir du passé. Plus surprenant encore, il affirme que le manque, la privation, la douleur, sont des choses positive. Comment comprendre que la satisfaction ne soit vécue que dans la mémoire des privations vécues ?
Le texte s'organise en trois temps. Dans une première partie, Schopenhauer explique que le désir est synonyme de privation et de souffrance. Ensuite, il s'emploie à expliquer pourquoi la satisfaction ne nous procure pas la joie que nous pouvions en attendre. Enfin, dans un dernier temps, il peut conclure sur sa thèse : nous ne connaissons la