()DE L’ACTEUR AU PERSONNAGE : IDENTIFICATION ET DISTANCIATION
(THÉÂTRE ET CINÉMA)
ARMELLE TALBOT
CONFÉRENCES SUR LE PERSONNAGE
MASTER 1 ET 2 LETTRES, ARTS ET PENSÉE CONTEMPORAINE
UNIVERSITÉ PARIS DIDEROT – 2014-2015
Une sorte de chaîne qui va du moi imaginaire du personnage fictif au moi du spectateur en passant par le moi du comédien, telle est l’image que se ferait volontiers le spectateur de théâtre. L’illusion est de croire que le person- nage de théâtre est une âme individuelle, à …afficher plus de contenu…

Cette mé- thode implique notamment le travail de l’acteur sur le passé biographique du personnage, mais aussi sur sa propre mémoire, affective et sensorielle, qu’il doit pouvoir sollici- ter sur scène pour éprouver des émotions ana- logues à celles du personnage. Stanislavski constitue un adversaire de Brecht, du moins dans certains textes de ce dernier, parce qu’il associe son système à une tradition de jeu psy- chologique de type illusionniste. C’est dire que
Ferdinand a contracté de très mauvaises habi- tudes aux yeux de la troupe qu’il veut rejoindre et doit être initié au plus vite à l’art complexe de la distanciation. Tandis qu’il s’essaie à jouer le rôle de Jean Vilar lors du Festival de juillet …afficher plus de contenu…

Eschyle retien- dra la leçon lorsqu’il écrira Les Perses en 472 avant JC et qu’il racontera la bataille de 7 Ibid., p. 260. 8
Salamine du point de vue de l’ennemi, soit d’une figure d’altérité, le Perse, dans laquelle le public athénien ne saurait se reconnaître directement, comme c’est d’ailleurs le cas avec les personnages empruntés à la mythologie. « Douleur pour nous, joie pour nos ennemis » déclare ainsi Xerxès, le roi des Perses, dans la parodos qui conclut la pièce, ce qui signale l’ambivalence d’une œuvre qui joue simultanément sur l’inversion des affects entre la salle et la scène et la mise en valeur d’une communauté de destin