Dallas
Le travail de Katz et Liebes est un produit qui il remet en question bien des idées reçues et des théories partisanes en apportant un ensemble d'éléments de compréhension sur les mécanismes complexes qui lient le téléspectateur au petit écran. Pour résumer le propos brièvement, l'ouvrage est construit autour de la démonstration d'une hypothèse centrale : aucun programme télévisuel n'impose un sens univoque à ceux qui le regardent, bien au contraire le sens résulte d'un processus de négociation entre divers types d'émetteurs et divers types de récepteurs. Et c'est précisément sur cette interaction entre un texte télévisuel et un téléspectateur qu'il faut se pencher pour comprendre plus largement la signification de la télévision pour son public ainsi que le rôle du lecteur dans la création du sens du texte (Fish 1980; Radwayl985). En fait, comme le rappellent Katz et Liebes, c'est en partie à l'extraordinaire succès international du feuilleton Dallas que l'on doit la multiplication dans différents pays d'une série de travaux sur cette activité de "décodage" du téléspectateur. Le travail sur le terrain a été mené au début des années 80, en Israël, aux Etats- Unis et au Japon auprès de téléspectateurs issus de différentes communautés ethniques et culturelles et selon des méthodes qualitatives : 66 groupes de trois couples amis ont été réunis pou regarder, en présence d'un observateur, un épisode de Dallas dont ils discutent ensuite. Les propos tenus avant, pendant et après la diffusion de l'épisode ont été enregistrés et retranscrits intégralement. Un questionnaire portant sur les pratiques de consommation télévisuelle et les caractéristiques sociologiques de chaque membre du groupe était passé en début de séance. On est donc dans la lignée méthodologique des études d'ethnologie de la réception qui sont menées depuis une dizaine d'annnées en Angleterre et aux Etats-Unis et qui se fondent sur une analyse