Dangers De La Transparence
Pour Hervé Gattegno, l'obligation pour les ministres de publier leur patrimoine est une posture inutile. C'est confondre l'intégrité avec l'intégrisme !
Le président de la République François Hollande. © Bertrand Guay / AFP
Par Hervé Gattegno RMC : Pour tenter d'endiguer la dégradation du climat politique, le gouvernement annonce un projet de moralisation de la vie publique pour le 24 avril et les ministres sont requis de publier leur patrimoine. Vous n'êtes pas sûr que tout cela va dans le bon sens. Votre parti pris : la transparence n'est pas un idéal... mais un cauchemar !
Hervé Gattegno : C'était prévisible et les efforts de François Hollande n'y changent rien : avec le choc de l'affaire Cahuzac, on voit monter une exigence de vertu qui revient à passer d'un excès à l'autre : là où l'on s'accommodait jusqu'ici (à tort) de règles générales et de sanctions assez théoriques, il faudrait maintenant savoir en détail ce que possède chaque élu, s'il a fait des emprunts, s'il a hérité, s'il détient un ou plusieurs biens, seul ou avec sa femme... C'est une posture inutile parce qu'elle n'interdit pas le mensonge ; et dangereuse en ce qu'elle expose les élus à une curiosité malsaine et à la suspicion généralisée. C'est confondre l'intégrité avec l'intégrisme.
Est-ce que ce n'est pas une exigence démocratique que les citoyens puissent connaître la situation de fortune de ceux qui les dirigent ?
La démocratie exige de la transparence, pas la transparence absolue. Quel usage sera fait de ces informations ? On le devine déjà : à désigner à la vindicte les élus dont le patrimoine sera jugé trop important, sans qu'on sache d'ailleurs par rapport à quel critère. En tout cas, aucune fraude ne pourra être constatée grâce à ces déclarations - Jérôme Cahuzac en avait rempli une : c'est le montant du patrimoine qui sera jugé, et non son origine. On sait que les Français ont le fantasme d'une vie politique peuplée de saints