Daniel lefeuvre : pour en finir avec la repentance coloniale
La société française fait face, depuis maintenant bientôt 30 ans, à une crise de la mémoire. À l’échelle nationale elle s’émiette au profit de mémoires locales et communautaires. La mémoire de la colonisation en fait partie et les débats actuels à son sujet sont particulièrement virulents. Le projet de loi du 23 février 2005 sur « le rôle positif de la colonisation française » n’a fait qu’exacerber les positions des uns et des autres sur la question. Dans cet ouvrage, loin de prendre partie en faveur de la colonisation, Daniel Lefeuvre dénonce avec les outils de l’historien les contrevérités que développent ceux qu’il nomme les « repentants ». Daniel Lefeuvre est un historien économiste spécialiste de l’Algérie coloniale enseignant à l’université Paris VII à Saint-Denis. Sa spécialité nous laisse donc penser qu’il est en position légitime pour traiter sérieusement le sujet qu’il aborde dans ce livre. Il s’est fait remarqué par la nature polémiste du livre qui fait ici l’objet de notre attention, notamment en suscitant la réaction de l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch[1] qui est citée dans l’ouvrage. L’historien introduit son livre en commençant par définir et dénoncer les repentants. Il s’agirait d’une nouvelle génération d’anticolonialistes militants dans les médias, ces derniers seraient très complaisants à leur égard. Ils défendraient le fait que tous les problèmes liés à la jeunesse issue de l’immigration auraient pour origine la colonisation, comparée à la France de Vichy, la seule solution serait la repentance du peuple français. Ainsi ils penseraient que la colonisation a été une extermination voulue et basée sur des principes racistes de supériorité européenne sur les peuples colonisés. Daniel Lefeuvre cite Gilles Manceron, Abdelaziz Bouteflika et le livre de noir du colonialisme pour illustrer le fait que les plus extrémistes de ces repentants font même un parallèle