Dans quelle mesure peut-on parler de crise de l’institution familiale
Introduction
Valeur fondatrice de la société, la famille est le premier lieu d’apprentissage de la vie en communauté. Reposant sur l’alliance et la filiation, elle a connu différentes définitions selon les époques. Pendant la première moitié du XXe siècle, le modèle prédominant est la famille nucléaire constituée du couple et de ses enfants. L’après seconde guerre mondiale voit la société profondément transformée par l’avènement de la société de consommation, la place croissante de la femme dans le monde scolaire et professionnel, la libération des mœurs. Les valeurs familiales ont subi des modifications telles qu’elles conduisent à parler de crise de l’institution familiale. Après avoir montré les différentes manifestations de cette crise, nous essaierons de la relativiser en montrant qu’en dépit de ces la famille reste une valeur importante dans notre société.
Première partie : la fragilisation du modèle traditionnel permet de diagnostiquer la crise de l’institution familiale
A. Les symptômes de la crise
Le premier signe de la crise est la baisse importante de la nuptialité. 1972 fut une année record pour le nombre de mariages célébrés (416 000). Depuis, le mouvement s'est inversé et l'on assiste à un déclin sensible de l’engagement matrimonial. Si le minimum historique a été atteint en 1994 et 1995 (250 000), en 2009, le nombre de mariages était de 256 000, soit un taux de nuptialité de 4 pour mille. Moins fréquentes, ces unions sont également plus tardives: entre 1970 et 2008, l’âge moyen est passé d’environ 23 et 24 ans à 30 et 32 ans respectivement pour les femmes et les hommes. L'ancrage dans le célibat s'accentue chez les 18-34 ans et se localise non seulement dans les campagnes, particulièrement chez les agriculteurs, mais aussi dans les grandes agglomérations (un Parisien sur deux vit seul). Selon l’Observatoire du célibat, près de 15 millions de Français