Dans quelle mesures la poésie permet-elle le dépassemenet d'une épreuve
Hugo pour crier sa peine d'avoir perdu sa fille Léopoldine, du Bellay pour dire sa nostalgie de la terre natale, Apollinaire pour conjurer sa disparition probable sur le front, etc., nombreux sont les poètes qui se sont emparés de leur plume afin de relater leur expérience personnelle douloureuse. « Dans quelle mesure la poésie permet-elle le dépassement d'une épreuve » ? La douleur du poète peut-elle être transcendée et sublimée dans ses vers? Ainsi, la poésie offre-t-elle vraiment au poète la possibilité de sublimer sa souffrance ou est-elle nécessairement un travestissement de l'expérience vécue qui condamne le poète à l'universalité?
[I. Certes le poète peut sublimer sa peine dans ses vers]
[A. Dire sa peine]
Les vers retracent bien souvent la trajectoire biographique d'un poète. À l'instar de Musset qui affirmait « Frappe-toi le cœur, c'est là qu'est la poésie », les poètes sortent leur plume pour chanter, crier, hurler, leur peine. Lire l'œuvre poétique hugolienne, c'est ainsi découvrir en filigrane les différentes épreuves qui ont rythmé la vie du poète. En 1853, il publie les Châtiments, vaste et véhément réquisitoire contre le « nain » qui a pris la tête de l'Empire: Napoléon III. Hugo est alors en exil à Jersey et, en « proscrit », en « banni », hurle sa haine de 1'« orgie» impériale. Vaste « banquet» qui convie à sa table des débauchés, l'empire spolie et « tond [...] le peuple français ». Trois ans plus tard, les Contemplations paraissent. Ce recueil poétique relate une autre expérience douloureuse: celle de la perte, dix ans auparavant, de Léopoldine. Hugo, en père dont le cœur ne peut se résoudre à cicatriser, crie son accablement et le vide provoqué par l'absence éternelle. Dans « Demain, dès l'aube ... », le poète projette une visite sur la « tombe » de sa fille: il « marchera [...] les yeux fixés sur [s]es pensées », « courbé » par le poids de la peine. Ainsi, les vers et le vécu sont étroitement mêlés. La poésie permet