Dans quelles mesures les conduites risque participent
« La société actuelle doit faire face à une perte de sens de la continuité historique et à l’érosion du sentiment d’appartenance à une succession de générations enracinées dans le passé et se prolongeant dans le futur. » (Gilles Lipovetsky, L’ère du vide). En effet, la structuration individualiste des sociétés occidentales amène l’individu à s’auto-référencer de plus en plus. L’individu cherche en lui-même ce qu’il trouvait auparavant à l’intérieur du système social et culturel. L’existence moderne apparait comme un champ de bataille : vitesse, concurrence, performance, rythme effréné de l’économie et du marché, contre lequel l’individu doit lutter pour exister et se construire.
Appartenir à une société, participer à son fonctionnement, n’est plus suffisant ; il s’agit de donner du sens à son existence, en tant qu’individu, tout en réussissant, pourtant, à trouver sa place au sein d’un groupe. Et les conduites à risque, mises en danger volontaires, mais pas toujours conscientes, apparaissent comme une réponse à ce manque de sens.
Rite de passage intime
Ainsi, dans nos sociétés occidentales modernes, notre construction ne dépend plus d’une tradition, nos chemins ne sont plus tous tracés, à l’inverse de ceux des sociétés traditionnelles ou même de nos grands-parents. La jeunesse d’aujourd’hui doit se « mettre au monde par elle-même » (David Le Breton).
Lorsqu’on parle d’alcool et de drogue chez les jeunes, on parle d’inconscience, d’immaturité, de danger. La sociologie nous permet d’aborder ces pratiques en marge sous un autre angle. En effet, le passage de la jeunesse à l’âge adulte n’est plus ritualisé dans nos sociétés. L’adolescent a alors recours à ce que David Le Breton appelle « un symbolisme de contrebande ». De plus, la jeunesse est la période où l’on abandonne le sentiment de toute puissance qui nous habite au cours de l’enfance, pour faire face à