David claerbout, le temps en image
Dans Physique, Aristote soutenait que "le temps est l'accident des accidents". Le temps parait être une dimension primordiale pour traiter la question de l'accident. De ce fait, je me propose d'examiner le temps d'un point de vue artistique. Les productions de David Claerbout paraissent les plus appropriées de par leur aptitude à manifester "le temps" et leur habilité à le rendre palpable. Dans un premier temps, il s'agira de comprendre les influences et les références qui alimentent les travaux de Claerbout. Ensuite la deuxième partie, se consacrera à l'analyse des mécanismes et des protocoles qui régissent son œuvre. Enfin, la dernière partie, abordera ses préoccupations et ses revendications quant aux productions qu'il réalise.
1- Entre peinture et cinéma: influences et références
David Claerbout, Long Goodbye, 2007, video projection
Dans A Long Good Bye Claerbout emprunte à la technique cinématographique en déployant un plan séquence. Ce dernier par définition ne contient ni coupe, ni montage. La position d’ancrage du cadrage est invariable, seul le travelling arrière effectué par la caméra étend petit à petit le paysage. Ce recul de la caméra qui signe la fin de la séquence renvoie inévitablement aux fins des films de l’âge d’or hollywoodien; d'ailleurs, le décor et les vêtements correspondent parfaitement à l'époque.
Bien qu'adepte des codes cinématographiques, Claerbout n'hésite pas les détourner pour servir son propos. Pour Le Moment, l'artiste instrumentalise le suspens cinématographique, qui par tout un mécanisme bien rodé permet de faire durer l'intrigue.
David Claerbout, Le Moment, 2003, video projection
Au travers d'un plan de caméra qui s’avance en forêt de nuit, doublé d’une inquiétante musique qui l’accompagne, il installe volontairement une atmosphère angoissante, favorable au déroulement d’un événement dramatique.
Les éléments visuels et sonores chargent peu à peu la séquence d’une