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« une ville dont les rues devenaient de plus en plus molles à mesure qu’on avançait entre leurs maisons baveuses, les fenêtres fondantes et mal closes, sur ces douteuses rumeurs. Les portes, le sol mouvants. »
Cette thématique du mou et du visqueux montre l’ambiguïté même de la matière : à la fois effort vers le solide mais au contraire dissolution, comme la vie humaine : effort vers un solide, dissolution vers la mort.
Le plus insupportable pour Bardamu, c’est que la vie ne peut pas être séparée de la mort. Le malheur de l’homme qui en dépit de sa réalité (décomposition) a une volonté de vie. D’un autre côté, appel à la mort de notre corps lui-même. C’est la parole qui va servir à dire cette vérité, elle sert à dire la mort alors qu’à l’origine, le langage est la seule vraie volonté de vie. Moyen de lutter contre cette décomposition. La parole se calque sur l’objet décrit : elle doit elle aussi être visqueuse. Contamination même du langage.
4. Le Narrateur
Le choix du je est une tendance omniprésente des romanciers à l’époque de Céline. Réaction dans la première moitié du 20ème : Impossible de connaître l’âme des individus. On conteste à l’écrivain le droit d’inventer des personnages.
2 Bardamu : celui qui a vécu ce qu’il raconte, celui qui raconte ce qu’il a vécu.
Or, comme le voyage ne lui a servi à rien, le narrateur, n’est pas plus avancé que le héros !
Le lecteur vit dans le présent de l’histoire, au temps où elle s’est passée, ce qui interdit au lecteur d’en savoir plus que Bardamu.
« on ne sait rien de la véritable histoire des hommes »
De nombreux trous dans le récit, des manques, des failles. Le choix de ce point de vue subjectif et rétrospectif risquerait d’éclipser la parole même du narrateur. Or, Céline va s’employer à faire surgir le narrateur dans son récit. C’est la parole vive qui importe, non l’histoire.
Nombreuses marques du discours :
- Jugements,