De gaulle, un homme providentiel
A la Libération de la France, dans les années 45, le général de Gaulle fut élevé par le peuple français au rang de seul « sauveur », « d’homme de la situation ». C’est lui qui fut chargé de reconstruire et mener le pays vers un renouveau. Les français s’en remettaient totalement à lui, le laissant gérer, avec ce que l’on pourrait appeler de l’admiration, les problèmes de la France. Mais comment de Gaulle est-il arrivé à convaincre le lecteur dans le tome 3 de ses Mémoires de guerre, de la sagesse et de l’aura presque divin qui l’entourait à cette période de l’Histoire ?
Tout d’abord, de Gaulle, par son mode d’écriture, théâtralise les événements qu’il narre. Il compose ses scènes où il s’attribut toujours le premier rôle, à la manière d’un protagoniste dans les tragédies grecques : comme par exemple lorsqu’il met en scène Staline en lui attribuant le rôle de l’ « ogre ». En effet, comme le général est avant tout un Voix pour le peuple français, grâce au célèbre appel de Londres du 18 juin 1940, il maitrise parfaitement l’art théâtral et narratif. « Comme dans un drame bien monté, où l’intrigue demeure en suspend tandis que les péripéties se mêlent et se multiplient jusqu’à l’instant du dénouement… » Le « Salut » devient alors une vaste fresque épique ou théâtrale selon les moments, dans laquelle de Gaulle détient le rôle du héros.
Aussi, le général, ayant conscience d’être l’incarnation de la nation, d’être irremplaçable à cette époque, fait preuve d’un égo surdimensionné. Célébré comme un chef de guerre, un rassembleur très charismatique, de Gaulle fascine et il le sait. Il utilise d’ailleurs l’humour comme arme pour faire son apologie dans ses Mémoires de guerre. Il se dit privilégié par le Destin, définitivement « inclassable » comme il n’hésite pas à le rappeler : « Et puis de Gaulle, vous le savez