De la cité au corps politique :
La signification de l’État comme pouvoir souverain

La notion de cité et de polis est une référence à la Grèce. Si ça amuse certains de traduire Athènes ou la cité d’Athènes par l’État d’Athènes, ça peut entrainer une confusion conceptuelle. Dans la notion de cité, la communauté humaine et la communauté politique sont distinguées mais elles ne sont pas séparées. Autrement dit, on peut dire que la cité est la communauté humaine, sociale et politique. Mais ce n’est pas un État s’ajoutant à une société. Car dans la notion de cité, la notion de société elle même n’est pas très formée. Il n’est pas étonnant que la cité méconnaissance la spécificité pure de l’État. Clastres manifeste une remarque de l’ethnologue déjà présente dans la pensée de Montaigne et de Rousseau : pourquoi dois-je connaître ceux qui sont différents de moi pour m connaître moi même et pour connaître ce qui est réellement essentiel dans la société. « Si tu veux te connaître toi même, regarde en toi ou autour de toi. Mais si tu veux connaître l’homme, porte ton regard au loin. » L’ethnologue est celui qui fait l’expérience de l’altérité pour qu’elle nous permette de comprendre ce qu’il y a de véritablement universel. C’est au contact de sociétés primitives que je comprends que tout pouvoir politique n’existe pas forcément sous forme spécialisée. On peut aller plus loin en disant que le pouvoir politique n’est pas nécessairement l’État. Dans la Grèce, il est intéressant de voir pourquoi on peut parler de pouvoir politique mais pas au sens strict d’État. Même s’il y a l’amitié, tous les rapports interhumains, etc., on ne peut pas vraiment parler de société.

Le corps politique, comme son nom l’indique, a tout l’air d’être une métaphore. L’homme a un corps. Mais que signifie « un corps politique » ? Le corps politique repose sur l’idée importante que, de fait, la société peut se définir de manière pré-étatique, comme un tissu de rapports interindividuels. La société est