De la théorie à la sociologie des élites en intégration, william G
DES ÉLITES EN INTERACTION.
VERS UN NÉO-ÉLITISME?
PAR
William GENIEYS
CEPEL, Montpellier
S'il est un domaine de recherche où, aujourd'hui encore, les controverses méthodologiques occupent une place centrale, c'est bien l'analyse des élites.
Précisons, d'entrée de jeu, que la problématique des élites est fortement liée au développement des sciences sociales modernes. Les théories élitistes apparaissent au début du XX e siècle en affirmant l'inévitable venue des élites détentrices du pouvoir. Elles naissent en réaction contre les interprétations marxistes homogénéisantes (classes sociales) et la vision utopique de l'idéal démocratique (régulation par la citoyenneté participative). Leur "péché originel" provient de l'affichage d'un désenchantement du politique à une période où les régimes autoritaires s'imposent un peu partout dans l'Europe occidentale. De plus, ces théoriciens, à l'instar de Machiavel, annoncent le caractère incontournable du pouvoir politique. Cependant, dès ces prémisses, la théorie des élites connaît des divergences quant à la façon d'appréhender la réalité du pouvoir des groupes sociaux dominants. Dans ce sens, Pierre Birnbaum nous invite à ne pas confondre la perspective élitiste de Pareto avec celle avancée par Gaetano Mosca 1 • Le premier vérifie la permanence du phénomène élitiste en soulignant l'existence de prédispositions permettant de faire partie de l'élite tout en admettant le principe de circulation des élites au sein même de la structure du pouvoir2 • Le second tout en reconnaissant le "fait élitiste", c'est1. Birnhaum (P.), "Théories élitistes", in Hermet (G.) et alii., Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Paris, A. Colin, 1994, pp. 96-98.
2. Wilfredo Pareto montre que malgré l'opposition qui existe entre les élites qui recourent à la ruse pour gouverner et celles qui emploient la force, les premières seront amenées à
CURAPP, Les méthodes au