De la tragédie antique à la tragédie moderne
Chapitre 1 Les similitudes
1- Les paratextes des romans d’Achebe et Bhêly-Quénum
1-1 Les titres
Le roman est à la fois un texte et un objet, un volume au double sens du texte. Le lecteur perçoit d’abord comme objet ; il est attiré par la couverture, qu’elle soit reliée, brochée ou munie d’une jaquette publicitaire. Il en découvre ensuite le titre, premier élément du texte. Le titre d’un roman est donc à la fois une partie du texte et une annonce publicitaire, une profession de fois. Il sert :
- A informer sur le contenu, à désigner ou à qualifier le texte, le héros de l’œuvre ou l’action principale, à en dégager le sens ou la portée historique, morale, sociale et philosophique.
- A attirer les lecteurs par tous les moyens, en piquant sa curiosité, en répondant à ses habitudes, à ses préjugés, ou, au contraire, en l’étonnant et en le choquant. Le titre d’un roman, dit en substance Claude Duchet :
-
« est un message codé en situation de marché, il résulte de la rencontre d’un énoncé romanesque et d’un énoncé publicitaire » (cité par Marcel Boka, Claude Duchet, « La fille abandonnée et la bête humaine, éléments de titrologie romanesque », in Littérature, n° 12, décembre 1973, P. 50 . Nous nous proposons de lire les titres en tant que tissus de signification ressentis comme tragiques.
Au contraire de la poésie africaine qui, par certains de ses aspects, frise l’hermétisme et souvent ne réussit qu’à suggérer, au lieu de communiquer un langage concret, les romans de Chinua Achebe et d’Olympe Bhêly-Quénum expliquent et parlent réellement aux lecteurs. Il faut préciser d’emblée que les titres de leurs œuvres ne sont pas indifférents, ils les résument en plusieurs mots, confirmant déjà la définition que Claude Duchet donnait du titre qui est :
« un texte facile, dramatisé, économe de matériel verbal et comportant surtout des mots pleins en petit nombre quatre à six selon les relevés de C. R.