De quels moyens les écrivains disposent-ils pour dénoncer ce qui les scandalise?
I. La puissance évocatrice de la fiction.
1. L’idée incarnée : quand le scandale prend corps
Dès lors qu’un récit fait apparaitre un personnage, il s’établie un lien affectif avec le lecteur, les apologues tirent leur efficacité de cette dimension essentiel. C’est ainsi que Victor Hugo dénonce la peine capitale dans le dernier jour d’un condamné, journal d’un condamné à mort. A mesure que la perspective de l’exécution se précise, le lecteur partage de plus en plus vivement la révolte et l’effroi de cet homme auquel il s’est désormais totalement identifié. De la même façon, Zola dans son roman Germinal nous fait ressentir et comprendre avec d’autant plus d’efficacité son indignation face à la misère des mineurs qu’elle passe par un personnage de chair, dot nous partageons les souffrances quotidiennes, mais aussi l’histoire amoureuse avec le personnage de Catherine. Dans les formes fictionnelles brèves, les personnages incarnent souvent des types sociaux ou psychologiques. Il s’agit alors moins d’attendre l’identification du lecteur que de présenter sous une forme simplifiée une abstraction, comme le fait La Fontaine dans le loup et l’agneau, le