DU READY-MADE A L’OBJET SURREALISTE

INTRODUCTION
« L'homme se découvre quand il se mesure avec l'objet » Antoine de Saint-Exupéry
En art, l’objet traverse la tradition picturale occidentale dès l’antiquité. Mais c’est au XVIe siècle que la représentation de l’objet inanimé devient autonome et constitue un genre à part entière, celui de la nature morte, qui se canonisera alors en tant que peinture d’objets qui posent, comme suspendus dans le temps et agencés par la main de l’artiste. Crânes, instruments de musique, miroirs, corbeilles de fleurs et de fruits semblent enfermer le spectateur dans le monde muet des choses qui forment les Vanités.
Edward Collier, La Vanité, 1663
Edward Collier, La Vanité, 1663

Cézanne fera de la nature morte, car elle présente un répertoire inépuisable de formes, de couleurs et de lumières, le champ de prédilection de sa création picturale. Les cubistes y verront le genre le mieux adapté pour rendre, en peinture, la question de la représentation de l’espace.

Déjà en 1912 avec sa révolutionnaire Nature morte à la chaise cannée (voir ci-dessus), Picasso introduit dans le tableau un bout de toile cirée pour le cannage et une corde pour matérialiser l’ovale du cadre. Des éléments prélevés au réel remplacent donc, par endroits, la représentation et dialoguent avec les parties peintes. L’objet ou plutôt des fragments d’objets réels envahissent la représentation.
Mais c’est grâce à Duchamp que l’objet quotidien manufacturé est transformé en œuvre d’art, par le seul choix de l’artiste. Les premiers ready-made datent de 1913. Depuis, l’objet sort du cadre de la peinture et envahit le monde réel se présentant en tant que tel dans la scène de l’art. Il se prêtera également aux détournements et aux assemblages les plus surprenants des surréalistes.
L’objet interpelle l’art au XXe siècle, son statut et ses limites, qu’il repousse de plus en plus loin. I) READY-MADE, L’OBJET DADA

a) Présentation du mouvement Dada.
●