De vita beata
Sénèque : c’est un intellectuel, citoyen naturalisé romain, né en Espagne en 4 av. J. C. Son père, Sénèque le Rhéteur, était un orateur politique célèbre. Sénèque le fils, le philosophe stoïcien, fut conseiller de Néron, et il dut se donner la mort en 65 de notre ère, car il était compromis par le pouvoir de Néron. Question : comment un philosophe a-t-il pu se compromettre avec la société officielle, et à ce point avec le pouvoir de Néron, duquel il tenait ses titres et sa richesse ? De fait, Sénèque, en tant qu’individu, a mauvaise réputation. Cf. Pascal Quignard qui dit, dans Le sexe et l’effroi : « Sénèque a écrit : ” il n’y a pas d’être plus ombrageux que l’homme ”. Sénèque le fils fut la haine de tout ce qui était vivant … il adorait l’argent, et la peur de souffrir… opposé de son père … maigreur brûlante dépressive … baptisé le “ pédagogue du genre humain ”, le puritain …. » Nausée, génie et dépression. Sénèque a écrit le de vita beata en 58 environ, c'est-à-dire dans la dernière partie de sa vie où il s’écarte progressivement des affaires pour se consacrer à des œuvres majeures. D’ailleurs il avait demandé sa retraite à Néron qui s’était fait un plaisir de la refuser. Sénèque a la réputation de quelqu’un d’ombrageux, de mélancolique et de riche compromis avec le pouvoir. Question : comment se fait-il que quelqu’un de malheureux, mais en même temps de très puissant, quelqu’un de sombre, ait fait un traité sur le bonheur ? Est-ce que le stoïcisme a quelque chose à nous apprendre sur le bonheur, étant donné que cela semble être l’apanage de l’école rivale : l’Epicurisme, défini comme un hédonisme, c'est-à-dire une quête du plaisir ? Ou ne serait-ce pas aussi le concept majeur de l’Aristotélisme qui se présente comme un eudémonisme, c'est-à-dire qui rend un culte à « la belle vie » (c'est-à-dire à la vie bonne) ? La réponse des Stoïciens et de Sénèque en particulier est la suivante : nul ne peut être heureux s’il