Question de corpus
(Corrigé)

Les trois textes, «De l’Homme » extrait des Caractères de La Bruyère en 1688, Choses vues Victor Hugo en 1846 et « Grasse Matinée » de Prévert extrait de Paroles en 1945, nous présentes trois situations inacceptables, à la fois semblables et différentes. En effet, les auteurs, bien qu’à des époques différentes, dénoncent à travers un apologue le monde de la richesse. Il s’agit à chaque fois d’une histoire simple comportant une morale. La Bruyère, par le portrait de Gnathon, met en scène un personnage grotesque par son manque de réserve et de savoir-vivre, son égoïsme « les conviés, s’ils veulent manger, mangent ses restes », son indifférence au sort d’autrui « ne pleure point la mort des autres ». Au lecteur d’en tirer une morale, l’exemple à ne pas suivre d’une certaine noblesse qu’il dénonce. Victor Hugo, de façon semblable, met en scène une jeune femme « une duchesse » qui, par son indifférence au sort du pauvre qu’elle croise sans le voir, choque tant l’auteur que le lecteur. Enfin Prévert oppose dans son poème la misère et la richesse provocante d’une société de consommation « sardines à manger/ œuf dur café crème/ café arrosé rhum… ». Les trois auteurs usent de la persuasion ; ils provoquent des sentiments d’indignation chez le lecteur en mettant en scène une histoire sans essayer de le convaincre par des arguments, donnant ainsi une force à ce qui constitue une sorte d’allégorie, celle de la misère chez Hugo et Prévert, à travers un pauvre, symbole de tous les pauvres, l’égoïsme à travers un égoïste, Gnathon, chez La Bruyère. Pourtant, c’est différemment que les textes parviennent à la dénonciation d’une société corrompue. Leur forme est différente : un portrait imaginaire et caricatural chez La Bruyère, un témoignage vécu pour Hugo, une sorte de fable pour Prévert. Les sentiments qu’éprouve le lecteur varient également. En effet, si Gnathon provoque le rire en même temps que le dégoût, les pauvres de Hugo et