Deleuze et parnet, dialogues
De Gilles Deleuze et Claire Parnet
Introduction Ce qui définit la philosophie pour Deleuze, c’est la création de concepts. Or cette création demande de se faire sur un territoire encore neuf, libéré de toute culture conventionnelle et de toute conformité. C’est dans ces conditions que peut s’installer un échange, une communication entre deux entités différentes. Dans la première partie de « Dialogues » qu’il a écrit en collaboration avec Claire Parnet, Gilles Deleuze pose la question « qu’est-ce qu’un entretien ? », comment doit se dérouler un entretien, pour qu’il soit dans une perspective d’évolution et non de stagnation stérile. En fait, si une conversation est engagée dans une perspective de rencontre, elle serait aussi une découverte, en opposition à une reconnaissance ; elle ne peut se faire si elle introduit la notion de choix binaire et de dualité, qui fait office de choix forcé, obligatoire.
1. La pensée de Gilles Deleuze : rencontre et devenirs
1. Les devenirs
Une interview se traduit la plupart du temps par un enchaînement de questions suivi de réponses, parfois sans rapports les unes avec les autres, et qui débouchent alors sur un entretien non productif. Selon Gilles Deleuze, « l’art de construire un problème, c’est très important : on invente un problème, une position de problème avant de trouver une solution » (p.7, §1). Donc le positionnement que l’on va avoir par rapport à ce problème posé sera important. Lors d’un entretien ou d’une discussion « le but, ce n’est pas de répondre à des questions, c’est d’en sortir » (p.7, §1). Il faut d’abord pouvoir se situer dans un environnement favorable, qui serait propice à la création de nouvelles idées, où l’on ne serait plus contraint par sa culture et ses acquis, mais où l’on aurait la possibilité de se déterritorialiser, de sortir du territoire des règles, des contraintes, des limites que l’on n’a cessé de se fixer tout au long de notre vie. Il