Demain dès l'aube
La structure du poème souligne une double progression dans le temps et dans l'espace, et un itinéraire mené avec détermination.
Le poème débute par l'indication insistante du moment du départ. Il se termine au crépuscule comme le souligne la métaphore du vers 9 ("l'or du soir qui tombe"). Le voyage occupe ainsi une journée entière sans interruption, à travers un paysage aux aspects variés. La progression dans l’espace est exprimée par une série d’anaphore : "j'irai par", "par la forêt", "par la montagne". On peut noter le caractère vague, sauvage et difficile de l'itinéraire suivi. Dans la strophe 3 le changement de paysage souligne indirectement la progression temporelle. Le mot " tombe " marque la fin du chemin, ce qui reste inattendu. L'itinéraire est exprimé par l'emploi de verbes de mouvement ("je partirai", "j'irai", "je marcherai", "j'arriverai"). Leur ordre marque le départ et l'arrivée, et une certaine façon de se déplacer, dont la détermination est soulignée par l'emploi répété du futur. La situation de ces verbes à l'intérieur du poème fait de chacun d'eux une étape importante et décisive de l'itinéraire. Ils ponctuent le texte en soulignant une volonté que rien ne saurait arrêter.
L'insistance à vouloir partir s'explique par le chagrin de la séparation. L'indifférence à tout ce qui n'est pas la pensée de la bien-aimée met en relief la profondeur d'une relation sentimentale qui justifie un tel voyage. Elle apparaît dans l'interpellation affectueuse qui termine le premier hémistiche du vers 2 ("vois-tu") et dans le rapprochement "je"/"tu", très affirmatif, ("je sais que tu m'attends") ou négatif ("je ne puis demeurer..."). Le premier quatrain souligne par un jeu d'alternance entre "je" et "tu" (v. 2, v. 4) une double certitude : celle d'un "rendez-vous" et celle de l'incapacité d'accepter une situation douloureuse.
L’indifférence du voyage est montrée par une certaine imprécision concernant le décor, par la négation des