Deputé belley
De Anne Louis GIRODET DE ROUCY TRIOSON (1767-1824)
Contexte historique
Un porte-parole efficace des hommes de couleur
A l’aube de la Révolution, Belley, ancien esclave à Saint-Domingue, affranchi grâce à son service dans l’armée pendant la guerre d’indépendance américaine, fait partie de la nouvelle classe des « libres de couleur », en développement dans les villes coloniales. Capitaine d'infanterie au moment des journées de juin 1793 au Cap-français, il combat du côté des commissaires civils contre les colons blancs et reçoit six blessures. Les élections organisées dans l’île, le 24 septembre 1793, l’envoient à Paris. L’arrivée à la Convention de ce premier député noir, accompagné de deux autres, Mills, un mulâtre et Dufaÿ, un blanc, fait sensation et incite l’Assemblée à décréter la première abolition de l’esclavage (16 pluviôse an II/ février 1794).
L’abolition officielle de l’esclavage n’a cependant pas désarmé les partisans des colons à Paris. Bien que reconnu citoyen à part entière de la République, le député noir doit lutter contre les insinuations racistes qui remettent sans cesse en cause son élection comme la loi d’abolition. Il se révèle un porte-parole actif des hommes de couleur, à la Convention puis au Conseil des Cinq-Cents, jusqu’en 1797.
Quand Gouly, député de l’Ile de France (Ile Maurice), réclame, après Thermidor, des lois particulières pour les colonies, Belley dénonce à l’assemblée le groupe de pression des colons, discours publié sous un titre à la saveur créole : « Le Bout d’oreille des colons ou le système de l’Hôtel Massiac mis à jour par Gouly ». Il réussit à faire maintenir le principe républicain d’égalité entre habitants des colonies et de la métropole, quelle que soit leur couleur. En revanche le décret d’abolition n’est pas envoyé à l’Ile de France. Après Belley, cette élite venue d’outre-mer qui avait su un temps défendre les droits des non-blancs sera