Un triptyque est une oeuvre peinte réalisée sur un support composé de trois panneaux, dont les deux volets extérieurs peuvent se replier sur le panneau central. Traditionnellement les triptyques avaient une fonction religieuse. Au Moyen Âge, on les plaçait dans les églises, au-dessus des autels. Les peintures représentées avaient des sujets religieux. Le chiffre trois (trois panneaux) représente la Sainte Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit). Il est de même souvent possible de diviser le panneau central d’un triptyque dans le sens de la hauteur : dans la partie supérieure, on retrouve les cieux, les anges, les dieux, au centre les personnages qui se « purifient » en vue de leur « montée » aux Cieux, dans la partie inférieure le monde des Hommes. On y retrouve parfois une scène de l’Enfer. En dépit de ces similitudes, le triptyque La Guerre ne présente aucun lien religieux : thème des tranchées où la présence divine a totalement disparue. Dans la zone des Cieux où sont représentés en général les dieux et angelots, le rôle de l’angelot semble ici joué par un cadavre lourdement suspendu à une poutre métallique ; il porte un linge grisâtre et en lambeaux. Il pointe d’un doigt raidi le passage obligé, la mort cruelle et douloureuse. Dans la partie centrale, un soldat avec son masque à gaz est une figure symbolique de la première guerre mondiale. Une dépouille criblée de balles est rongée par la vermine. Le monde terrestre n’est qu’un charnier de boyaux disséminés sur toute la largeur du panneau. On n’y retrouve pas une figure humaine reconnaissable. En utilisant les procédés spécifiques au triptyque religieux, Otto Dix en effectue une parodie qui vise à mettre en avant la déshumanisation des soldats.
La chronologie impliquée dans le tableau évoque également un cercle vicieux, infernal : à gauche les soldats partent au front, au milieu, ils subissent l’horreur, à droite, blessés, ils rentrent chez eux ou rejoignent le camp. La prédelle (panneau situé tout en bas) peut