Despotisme et modernité chez bonaparte
Introduction
Napoléon Bonaparte ne semble pas parvenir, depuis deux siècles qu’il suscite la discussion, à s’affranchir de la catégorie des hommes d’État les plus controversés de l’Histoire. Ainsi, les défenseurs et les opposants n’ont de cesse de confronter leur vision respective du Petit Caporal au cours de querelles qui durent encore à ce jour : le révolutionnaire de la première heure défie sans relâche le réactionnaire jouant au monarque d’Ancien Régime, le visionnaire européen affronte inlassablement le mégalomane sanguinaire. Le génie moderne, invariablement, fait face au despote. Les évènements de la vie de Bonaparte peuvent en effet toujours être interprétés de deux manières – au moins – l’une vantant le génie moderne, l’autre le taxant de despotisme. Ainsi, l’expédition d’Égypte est à la fois colonialiste et scientifique, le 18 brumaire an VIII est sauveur et fossoyeur de la Révolution, les réformes administratives sont unification nationale et renforcement de l’autorité centrale et le rétablissement de l’esclavage est produit des circonstances ou penchant raciste du Corse. De ces quatre problématiques, deux découlent presque naturellement : le général eut-il pleinement, en toute occasion, son destin entre les mains, ou fut-il parfois poussé par les évènements ? Et quelle était, finalement, son opinion politique profonde ? Ce travail s’attache à faire la part des choses sur ces questions en cherchant un relatif équilibre entre les réponses fournies par les partisans des légendes dites « noire » et « dorée », après un bref rappel historique des faits étudiés.
Contexte
Napoléon Bonaparte, né le 15 août 1769 en Corse, débute sa formation militaire à l’école de Brienne en 1779. En 1784, il entre à l’École militaire de Paris, dont il sort en 1785 42e sur 58. Bonaparte mène alors une existence où alternent périodes de garnison et longs séjours en Corse. Il manifeste peu d’enthousiasme pour la