Dette publique et marchés de capitaux au xxe siècle
Dette publique et marchés de capitaux au XXe siècle
Article de Laure Quennouëlle-Corre, chargée de recherche au CNRS, à l’occasion de la publication par le Comité pour l’histoire économique et financière de la France des actes « des journées du Centre de Recherches Historiques » des 26, 27 et 28 novembre 2001.
Dans une perspective d'histoire longue, le XXe siècle apparaît en France du point de vue économique comme celui de l'inflation et de la hausse continue des dépenses publiques. Ces deux caractéristiques aux effets réciproques pèsent directement sur la question de la dette publique, de son montant et de son financement sur une longue période. Comment la politique de la dette a influencé la structure du financement de l'économie, a modelé le système financier français ou bien encore a pu façonner le fonctionnement des marchés de capitaux ? : telles sont les questions que le poids croissant de la dette publique inspire à l'observateur. Au-delà du choix d'un modèle de croissance qui a été préconisé en France, cette approche pourra appréhender les différentes facettes d'un État parfois conservateur, parfois modernisateur, dans le domaine de la sphère financière. Pour aborder plus précisément le sujet de la dette publique et de son financement, il apparaît expédient de s'attacher à son poids et à ses effets sur deux types de marchés de capitaux : le marché financier et le marché monétaire. Si l'étude du poids des emprunts publics sur le comportement du marché financier apparaît d'un intérêt évident - c'est la question de l'effet d'entraînement ou d'éviction des valeurs publiques sur les valeurs privées -, celle du marché monétaire n'en est pas moins essentielle. En effet, l'une des caractéristiques de la dette publique française depuis 1915 réside dans le poids grandissant de la dette flottante, soit la dette à moins de trois mois. Or le poids de cette dette à très court terme se manifeste à la fois sur le marché interbancaire, qui