Deuils cannibales et mélancoliques
1228 mots
5 pages
Que la réflexion vienne du domaine de la psychologie, de la spiritualité ou bien de la science, ce n’est pas une nouvelle usure que de considérer et de se questionner sur la vie, sur la mort et par-dessus tout sur comment vit-on le passage entre les deux. Cependant, la grande tendance des intellectuels ayant exploité le sujet aura toujours été de donner une plus grande place au témoignage de ceux qui allaient ou disaient avoir franchi ce pas. En contrepartie, celui qui aurait aussi dû être livré par les nombreux endeuillés que laissent les défunts n’en est pas un auquel on s’attarde souvent. Pourtant, le deuil est une étape de la vie qui sera vécue par tous et la façon de vivre la mort de quelqu’un est une chose qui ne peut être enseignée par le défunt lui-même et qui serait pertinente d’être davantage partagée. C’est dans cette optique que sera évalué dans ce travail comment le deuil passe par l’écriture dans le roman Deuils cannibales et mélancoliques de Catherine Mavrikakis. Seront illustrés le caractère libératoire du récit pour l’auteure elle-même ainsi que les rôles d’éloge funèbre et de mémoire que tient le roman.
En premier lieu, l’œuvre de Catherine Mavrikakis incarne pour l’auteure elle-même un récit libératoire. D’abord, il serait intéressant d’expliquer en quoi le lien entre la narratrice et l’auteure, entre la réalité et la fiction dans ce roman, est si fort. Au-delà d’un simple récit au « je », la narratrice nous fait part de détails personnels coïncidant parfaitement avec ceux de l’auteure : son homosexualité, son travail de professeure de littérature à l’université, son prénom, etc. Toutefois, il faudra s’accorder que le récit tend davantage vers l’autofiction que vers l’autobiographie. Certains événements réels sont aussi dans le livre. Par exemple, Hervé Guibert, dont le nom revient fréquemment dans le récit, est un écrivain et journaliste français homosexuel décédé du SIDA, qui a réellement existé. Aussi, la mort d’un des « Hervé » a été causée