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Réponse à la chanson de Becker
Nous l’avons eu, votre Rhin allemand,
Il a tenu dans notre verre.
Un couplet qu’on s’en va chantant
Efface-t-il la trace altière
Du pied de nos chevaux marqué dans votre sang ?
Nous l’avons eu, votre Rhin allemand.
Son sein porte une plaie ouverte,
Du jour où Condé triomphant
A déchiré sa robe verte.
Où le père a passé, passera bien l’enfant.
Nous l’avons eu, votre Rhin allemand.
Que faisaient vos vertus germaines,
Quand notre César tout-puissant
De son ombre couvrait vos plaines ?
Où donc est-il tombé, ce dernier ossement ?
Nous l’avons eu, votre Rhin allemand.
Si vous oubliez votre histoire,
Vos jeunes filles, sûrement,
Ont mieux gardé notre mémoire ;
Elles nous ont versé votre petit vin blanc.
S’il est à vous, votre Rhin allemand,
Lavez-y donc votre livrée ;
Mais parlez-en moins fièrement.
Combien, au jour de la curée,
Etiez-vous de corbeaux contre l’aigle expirant ?
Qu’il coule en paix, votre Rhin allemand ;
Que vos cathédrales gothiques
S’y reflètent modestement ;
Mais craignez que vos airs bachiques
Ne réveillent les morts de leur repos sanglant.
Alfred de Musset, Poésies nouvelles
Biographie Alfred de Musset :
Né à Paris (France) le 11/12/1810 ; Mort à Paris (France) le 02/05/1857
Auteur romantique, Musset s'essaie au théâtre avec des comédies d'un genre fantaisiste et novateur telles que Les Caprices de Marianne en 1833 ou bien On ne badine pas avec l'amour en 1834. Il est partagé entre une vie intime mouvementée et une aspiration à l'art le plus pur, et cette ambivalence se retrouve dans ses personnages. Son chef d'oeuvre, la pièce de théâtre historique Lorenzaccio, publiée en 1834, lui est inspirée par un voyage en Italie avec George Sand, sa compagne de l'époque. Musset s'illustre également dans des recueils de poèmes lyriques tels que les Nuits en 1835-1837.
Je t'écris ô mon Lou
Je t’écris ô mon Lou de la hutte en roseaux
Où palpitent d’amour