Diablogues
Dubillard fut ainsi placé dans la lignée de Samuel Beckett. Ce choix ne lui a sans doute pas déplu car, exceptées les premières pièces de l’œuvre de Ionesco qu’il admire, il rejoint Beckett sur l’amour des mots. Et cet amour dépasse celui des sirènes de la littérature.
Bien sûr dans les Diablogues les DEUX femmes errent. Elles n’ont aucune occupation apparente, aucun « emploi », elles attendent.
Leur attente est aussi cruellement cyclique et décisive que chez Beckett. Mais leur façon de lutter contre le vide de leur vie… de la vie (?) trouve néanmoins des ressorts bien différents dans les Diablogues de Dubillard.
Leur dépense verbale pour tuer l’ennui, et le temps qui passe est une tentative toujours impulsive. Ces impulsions sont brèves et se déconstruisent aussi vite qu’elles ont été bâties.
Toute nouvelle idée est immédiatement contestée par l’autre, remise en cause avec souvent la mauvaise foi la plus flagrante.
Peu importe finalement si le partenaire peut relancer après avoir détruit l’argument, puisque seul compte le conflit : conflit pour exister, conflit existentiel.
Comme dans le Diablogue « Ping-Pong », toute parole est prise de préférence à la volée plutôt qu’au fond du cour.
La réplique prend racine dans la fraicheur de l’intelligence. Toutefois il s’agit d’une écriture amnésique et là commence la drôlerie puisque les liens de causalité sont sans cesse des chausses trappes. Alors se dérobe sous nos pieds toute la logique cartésienne française. Commence le plaisir burlesque et « keatonien » d’un théâtre qui emprunte autant au ressort des lazzis de commedia dell’arte qu’au clown blanc et à l’auguste.
Commence le rire…
Cette perte de mémoire perpétuelle a souvent été