Dialnet LeRireDansLeTheatreDeLaDerision 58544
«...tous ces blessés á mort, avec quelle science on les soigne»
(Beckett. Fin de partie, pag. 108).
UN RIRE INQUIETANT.
En lisant les piéces de thatre de Beckett et de Ionesco on a ri. On a ri de ce rire étranglé et amer des vieux des CHAISES ou de ce rire piteux et monstrueux de Nagg se vautrant dans le fumier de l'existence et constatant que «rien n'est plus dr8le que le malheur».
Ce rire qui est tant8t l'avorton des larmes, tant8t l'éjaculation d'un plaisir raté devant le pénible spectacle de ces etres-pantins-malades qui n'ont que le temps de vieillir entre «une naissance difficile» et la vision du «fossoyeur qui applique ses fers»; ce rire en meme temps réel et impossible, a toujours attiré notre attention pour ce qu'il a de spécifique dans ce courant du théátre de l'absurde, par la complexité des• éléments et des nuances qui y interviennent et enfin par la
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polyvalence des significations et des lectures. y a de nombreux articles et études consacrés á ce sujet'. Si nous essayons de l'aborder enconre une fois c'est parce que le rire de ce thatre est toujours inquiétant, il nous trouble et nous hante; en y réfléchissant nous voudrions exorciser ce trouble et cette hantise ou tout au plus les makriser.
Notre réflexion portera uniquement sur quatre piéces de thatre, deux de
Beckett et deux de Ionesco2.
LA SPECIFICITE DU RIRE DANS LE THEATRE DE L'ABSURDE. .
Panni les nombreuses définitions qui tout au long de la civilisation ont été
1 Parrni d'autres: Le rire de lortesco.—Doubrovski. (NRF. Fev. 1960). Le thffitre de la
Jacquart (Gallimard-Idées. 1976). La dynamique thédtrale d'Eugéne lonesco.—P. Vernois
(Klincksieck 1972) Quand le terrible éclate de rire.— J. Onimus (lonesco., Situations et perspectives.
Colloque de Cerisy, Belfond 1980) Beckett.—Ludovic Janvier, Seuil. Ecrivains de toujours, 1979.)
2 lonesco: La cantatrice chauve et Les cha ŭes. (Gallimard Folio) Beckett: En attendant Godot et
Fin de partie (Ed. de