Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis

14048 mots 57 pages
Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amisJean-Marie Piemme
DIALOGUE D’UN
CHIEN AVEC
SON MAÎTRE
SUR LA NÉCESSITÉ
DE MORDRE SES AMISUn chien cherche un maître d’adoption et jette son dévolu sur Roger, portier désa- busé d’un grand hôtel. Roger vit tout seul dans sa caravane depuis que les services sociaux lui ont retiré la garde de sa fille.
L’animal à lunettes noires, à la fois rusé et mythomane, prend plaisir à jouer les fauteurs de troubles et à provoquer le
portier
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Qu’as-tu fait ?
CHIEN. J’ai proposé de le mordre une ou deux fois par semaine.
PORTIER. Il a accepté ?
CHIEN. Il était sceptique.
PORTIER. Tu es un charlatan comme on en voit beaucoup. Exac- tement comme ces politiques qui veulent bouleverser le monde, mais ne lâcheront le pouvoir qu’une fois partis les pieds devant.
CHIEN. Le psy, il aurait dû le payer. Moi, je l’ai mordu gratuite- ment. On se donnait rendez-vous dans le parc. Une fois c’était la main, une fois le mollet. Sa culpabilité a fondu comme beurre dans la poêle. Il a retrouvé ses couleurs, sa dignité. Il a compris qu’il fallait chercher ailleurs les causes de sa misère. J’ai également mordu une pauvre femme qui se laissait marcher sur les pieds.
Ça a pris du temps, j’ai dû y mettre le paquet. Morsures
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reux était le plus beau garçon du monde ; à quinze, j’ai acheté les capotes ; à seize, je lui ai dit de rentrer avant minuit ; à dix-sept, j’ai économisé pour son année d’études aux Etats-Unis ; à dix-huit toujours les économies : les States, ça coûte ; à dix-neuf, elle m’a envoyé quatre-vingt-quatre lettres de New York ; à vingt, elle m’a annoncé qu’elle était amoureuse d’un type de Chicago ; à vingt et un, elle me l’a présenté ; à vingt-deux, elle a cessé de m’écrire parce que, disait-elle, à vingt-trois, une fois que nous nous som- mes réconciliés, je pesais trop sur sa vie, sur ce qu’elle pensait, c’est la raison pour laquelle, disait-elle toujours, elle avait voulu mettre l’Atlantique entre elle et moi ; à vingt-quatre, je suis allé à
Chicago voir mon petit-fils ; à vingt-cinq, ma fille marchait sur

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