Diderot, supplément au voyage de bougainville (1773), « le discours d’adieu du chef tahitien »
Le XVIIIe siècle représente le siècle des voyages. A la demande de Louis XV, le voyageur Bougainville fait le tour du monde à bord de la Boudeuse. A son retour de Paris, il publie son Récit de Voyage dont le succès est impressionnant. Diderot, auteur polygraphe du XVIIIe siècle, lit le récit mais pense que Bougainville n’a pas tout dit sur les mœurs tahitiennes occultées pour des raisons de convenance. Il écrit alors un Supplément au voyage de Bougainville pour les révéler, mais aussi afficher son anticolonialisme. Dans l’extrait retenu, Diderot imagine un dialogue entre le chef tahitien et Bougainville sur le point de repartir en France. Le vieil homme craint que les français ne reviennent dans à Tahiti dans un esprit de colonisation.
En quoi ce discours est-il représentatif du combat philosophique des Lumières ?
I- Argumentation du chef tahitien
Thèse : chaque peuple est libre de disposer de lui-même. Divers arguments : * Justice : L’européen veut faire subir à autrui ce qu’il fuit par dessus tout (l.1) -> esclavage : illogisme. * Moral : Le tahitien défend sa liberté avec autant de courage qu’un européen (l.2-3). * Filial : Tous les hommes sont issus de mêmes familles, sont frères (l.3-4) « frères », « famille ». * Moral : Le tahitien est un pacifiste, il n’a pas l’attitude conquérante des européens (l.5 à 8) : champ lexical de la violence (« pillé », « flèches », « saisis », « ennemis » => isotopie de la violence anaphore et parallélisme de construction « t’avons-nous »). * Culturel : Leur ignorance garantit leur bonheur (l.9 à 11) (forte antithèse entre « lumières » et « ignorance ») => Le chef tahitien rejette la civilisation (sciences, techniques, arts…). * Nature : Les indigènes vivent en conformité avec celle-ci. Ils opposent leur oisiveté (« arrêter », « jouirons », « repos », « reposer ») à l’agitation veine des