Différentes approches anté aristotéliciennes
Introduction
La réflexion d'Aristote sur la notion du devenir marque un tournant décisif dans l'étude de l'Etre et de ses déterminations. En effet, bien avant lui, le problème du devenir de l'Etre avait déjà été l'une des préoccupations majeures de tant de présocratiques. C'est qu'en effet, ce problème cachait un autre plus complexe : celui de l'Un et du Multiple. Comment une chose peut-elle être à la fois une et multiple sans qu'il y ait pour autant contradiction ? Telle fut la grande question dont les enjeux à la fois métaphysiques et dialectiques allaient faire émerger des grands courants présocratiques, soucieux d'apporter une réponse satisfaisante au problème du devenir. Parmi eux, deux allaient se distinguer par la pertinence de leurs arguments dialectiquement opposés : A Ephèse l'héraclitéisme qui doit son nom à Héraclite et à Elée l'éléatisme dont Parménide est le fondateur. Si pour Héraclite toutes choses sont dans un flux continu sans repos, Parménide pose l'Etre comme négation du non-Etre. Par conséquent, il est immuable, infini, et éternel. Comme nous pouvons le remarquer, la solution que propose chacune de ces philosophies au problème du devenir est assez radicale : pour l'une, le devenir perpétuel des choses est leur caractère spécifique. Pour l'autre, il n'est que pure illusion. Il faudra attendre Platon, le disciple fidèle de Socrate, qui le premier a tenté une conciliation de Héraclite et de Parménide, pour que le problème du devenir trouve dans la théorie des Idées une explication plus convaincante.
I. Position de Héraclite d'Ephèse.
Les spéculations milésiennes sur la nature, inaugurent la rupture de la pensée philosophique avec les cosmogonies d'Homère et d'Hésiode. Pour les principaux représentants de l'Ecole de Milet à savoir Thalès, Anaximène et Anaximandre, ce sont respectivement l'eau, l'air et l'infini qui sont retenus comme principes de ce qui est et de ce qui