Dimension cachée
Une lecture du livre d’Edward T. Hall
Claire BARTHÉLÉMY
12 / 2006
L’ouvrage de 1966 d’Edward T. Hall, La dimension cachée, s’intéresse à l’espace social et personnel et à sa perception par l’homme. Pour lui les crises ethnique, urbaine, éducative sont très liées, car l’homme ignore sa dimension propre, culturelle, dont la plus grande partie est invisible. Il y a un façonnement réciproque de l’homme et de la culture. L’ouvrage est passionnant, il part d’une analyse de la distance chez les animaux pour développer les différentes perceptions de l’espace chez l’homme, pour bâtir une anthropologie de l’espace, modèle d’organisation basé sur une bonne connaissance des besoins selon les cultures sensorielles. Il étudie les distances chez l’homme, la « proxémie comparée » entre allemands, anglais, français, japonais, arabes. Il s’intéresse particulièrement aux questions de l’urbanisme, essentiellement aux Etats-Unis, la planification urbaine étant pour Edward T. Hall une question de survie et doit s’adapter à son environnement en ne négligeant pas la réalité culturelle cachée qui échappe en partie au contrôle de l’être humain.
Parmi les observations d’Edward T. Hall sur le monde animal, les expériences de Calhoun sur les rats sont particulièrement intéressantes. Calhoun installe des rats dans une grange et mène différentes expérimentations, parmi lesquelles celle de la surpopulation : il crée ce qu’il appelle un cloaque comportemental. Les perturbations qui en découlent, le stress, affectent les structures normales du comportement chez les rats. Edward T. Hall appliquera à l’homme et à la société ces conclusions, ainsi que celles touchant à la régulation de la distance chez les animaux (distances de fuite, critique, personnelle, sociale). Ainsi l’entassement urbain peut-il mener à un tel cloaque. L’auteur pose une question qui semble essentielle et toujours actuelle, notamment par rapport à l’existence de certaines banlieues : « Jusqu’à quel niveau