Discours bétique
Je vous ai tous réunis ici en ce beau jour de printemps pour vous annoncer mon départ et vous faire mes adieux. Je sais déjà que quitter Bétique ne sera pas facile, et c’est une décision que je n’aurais jamais pensé pouvoir prendre quand je suis arrivé ici.
En effet, votre pays est un paradis. Lorsque j’ai débarqué ici, arrivant tout droit de Paris, d’un monde débordant de corruption, chargé d’un air saturé de superflu et de jalousie, tout me semblait parfait, idéal. Vous m’avez tous accueilli comme l’un des votre. Jour après jour, j’ai pu vous observer vivre dans une atmosphère toujours fraternelle, bercés par des valeurs que l’on ne m’avait jamais enseignées avant : celle de l’égalité, sans aucune hiérarchie, aucune inégalité. Votre bienveillance et votre bonté m’ont émerveillée. Votre mode de vie simple et sain m’a séduit et j’ai très vite souhaité resté en Bétique jusqu’à la fin de mes jours. Et bien-entendu, toutes ces qualités qui sont les vôtres m’auraient suffi mais ça n’était pas tout… La Bétique est le pays le plus beau, que dis-je, le plus magnifique que j’ai eu la chance de visiter. Je n’avais jamais pu auparavant goûter à des paysages aussi délicieux. Je me croyais dans un rêve. Aujourd’hui encore, je n’ai toujours pas pu habituer mes yeux à vos merveilles. A l’éclat de votre végétation si dense, à la richesse de vos champs, qui semblent dessinés en pastelles, à la subtilité de vos ciels, tracés par rubans d’aquarelles, au goût exquis de vos fruits, vos légumes et vos céréales, toujours récoltés en abondance. Je me croyais dans un pays merveilleux, où chaque chose sur laquelle je posais mes yeux était obligatoirement extraordinaire. Quel délice…
J’ai découvert vos hivers doux, abondamment réchauffés par le Soleil, accroché haut dans le ciel et dispersant toute la journée la chaleur de ses rayons sur ma peau. Vos été, légers et frais, parfumés de ribambelles de jasmins, de magnolias, géraniums, de pensées ou encore d’orchidées, de